Et si le luxe, ce n’était pas de toujours avoir plus … mais de savoir dire “j’ai assez” ?
Alors que je parcourais le livre “Company of One”, je suis tombée sur l’exemple d’un entrepreneur qui m’a beaucoup inspirée !
L’histoire du comptable surfeur
L’auteur part en vacances avec un ami expert-comptable. Ils sont en pleine session de surf lorsque celui-ci lui raconte qu’il est ravi d’avoir presque réalisé le CA nécessaire pour prendre le reste de l’année OFF (ils sont au mois d’août !).
Lorsque l’auteur veut en savoir plus, le comptable surfeur lui explique : il a calculé exactement combien il devait gagner pour couvrir son train de vie et investir un beau montant : son “enough number”. Et il a décidé d’arrêter de travailler une fois ce montant atteint et de voyager le reste de l’année.
Il refuse de faire grandir davantage son entreprise et son équipe, car cela ferait aussi grossir son “enough number” et voudrait dire moins de temps pour voyager.
Dire « j’ai assez » … et ne pas culpabiliser !
Quand j’ai lu ça et les autres exemples d’entrepreneurs qui sont partagés dans le livre, j’ai ressenti un grand soulagement. Parce qu’au fond, j’ai toujours eu envie de tendre vers ça, mais je ne m’y autorisais pas vraiment.
Là, je voyais noir sur blanc des entrepreneurs qui ne rentraient pas dans la logique par défaut “plus = mieux” et ne cherchait pas à toujours faire croitre leur entreprise.
Pas parce qu’ils manquaient d’ambition.
Pas parce qu’ils n’étaient pas capables de grandir.
Mais parce qu’ils avaient décidé que leur entreprise devait être au service de leur vie, et pas l’inverse.
Et pourtant, des exemples comme ça, on en voit trop peu dans la culture entrepreneuriale classique, saturée de ‘hustle’, ‘do more’ et ‘no pain no gain’.
Je me suis donc servie de cet exemple pour me poser et redéfinir ce que je voulais de mon entreprise.
Mais avant de parler de ça, une précision s’impose.
Le principe des rendements décroissants
L’idée n’est pas d’être “anti-croissance”.
Et “croître” ne veut pas forcément dire “travailler plus” quand on structure intelligemment les choses.
Mais je pense que dans toute entreprise, la loi des rendements décroissants s’applique.
C’est à dire que passé un certain stade, plus de CA n’amène pas plus de satisfaction (que ce soit sous la forme de bénéfices ou d’épanouissement). Ce seuil intervient à différents moments, selon le type d’entreprise ou encore la façon dont elle est structurée par exemple.

Le principe de rendement décroissant, on le retrouve partout ! Y compris dans l’organisation.
Par exemple, tu as beaucoup de choses à faire et tu décides de prendre du temps pour t’organiser : tu passes 1h / semaine pour planifier ta semaine, c’est efficace ! Mais si tu passes 10h à organiser ta semaine, tu ne seras pas 10x plus efficace pour autant, au contraire, tu auras même perdu du temps !
Bref …
3 questions inconfortables à se poser
Donc pendant les 6 mois d’arrêt que j’ai vécus cette année, quand j’ai compris que certaines choses ne me convenaient plus dans mon entreprise (voir article « Après 6 mois d’arrêt, je change tout dans mon entreprise (pourquoi) ») j’en ai profité pour me poser 3 questions auxquelles je pense que tout entrepreneur devrait réfléchir :
👉 1. Quand est-ce que je considère avoir “ASSEZ” de bénéfices ?
👉 2. Qu’est-ce que j’ai envie à donner à mon entreprise pour les obtenir ?
👉 3. Qu’est-ce que je refuse de sacrifier, même si cela veut dire ralentir la croissance ?
Voici les réponses que j’ai trouvées :
- Mon enough number. J’ai fixé mon objectif à 250 000 € de bénéfices annuels. Ce montant me permet de me rémunérer et d’investir un peu chaque année. Peut-être qu’un jour j’irai plus loin. Mais seulement si c’est possible dans le respect des 2 limites ci-dessous.
- Mon temps. Depuis des années, je travaillais 25h/semaine. Mais depuis que je suis devenue maman, ma nouvelle norme, c’est 20h/semaine maximum. Oui, il peut y avoir des périodes exceptionnelles plus chargées. Mais le standard, c’est 20h.
- Mon alignement et mon kiff. J’ai déjà accepté d’utiliser des techniques marketing “qui marchaient chez les autres” mais qui ne me ressemblaient pas. Résultat ? À force de petits écarts, je me suis retrouvée avec un business dans lequel je ne me reconnaissais plus. Alors aujourd’hui, j’ai une règle simple : pas de stratégie qui me fait perdre mon alignement ou ne me fait pas kiffer. Car même si elle est rentable à court terme, je sais que je suis perdante sur le long-terme.
Alors oui, ça voudra dire refuser certains projets pros intéressants ou encore ne pas nourrir mon ego avec un CA sans cesse plus gros.
Mais ce sont des sacrifices assumés.
Parce que je préfère faire des sacrifices dans le business…
Plutôt que dans ma vie perso.
Changer les règles du jeu
Je crois qu’il faut changer de paradigme :
👉 Croître ne devrait pas être l’objectif “par défaut” d’une entreprise.
👉 Croître ne vaut pas le coup si ça nous éloigne de la vie qu’on voulait créer en premier lieu.
Et cette idée, je l’ai retrouvée dans une anecdote que j’adore entre Kurt Vonnegut et Joseph Heller, l’auteur de Catch-22.
Ils assistent tous les deux à une fête organisée par un milliardaire. Et Vonnegut dit à Heller : « Notre hôte a peut-être gagné hier plus d’argent que Catch-22 n’en a rapporté de toute son histoire. »
Heller lui répond alors : « Oui, mais j’ai quelque chose qu’il n’aura jamais : je sais que j’en ai assez. »
PS :
- Chaque semaine, je documente dans ma newsletter comment bâtir un business minimaliste, rentable et kiffant tout en créant + de temps libre et de qualité de vie. Clique ici pour recevoir les prochains articles.
- Si tu es entrepreneur et que ce que je partage là te parle, j’aimerais échanger avec toi ! Remplis ce formulaire pour m’en dire + sur ta situation